Éthique 2

Éthique 2 Définitions 1 à 7

  • E2 Préambule

    J’en viens maintenant à expliquer les choses qui durent nécessairement suivre de l’essence de la substance-dieu, autrement dit de l’étant éternel et infini. Pas toutes, évidemment, car il en dut suivre une infinité d’une infinité de manières, nous l’avons démontré à la Prop. 16 Part. 1, mais seulement celles qui peuvent nous conduire comme par la main à la connaissance de la mens humaine et de sa suprême béatitude.


  • E2 Définition 1

    Par corps, je comprends un mode qui exprime, de manière précise et déterminée, l’essence de la substance-dieu en tant qu’on le considère comme chose étendue; voir E1p25c.


  • E2 Définition 2

    Je dis appartenir à l’essence d’une chose ce dont la présence pose nécessairement la chose, et dont la suppression supprime nécessairement la chose ; ou encore, ce sans quoi la chose, et inversement ce qui sans la chose, ne peut être ni se concevoir.


  • E2 Définition 3

    Par idée, je comprends un concept de la mens, que la mens forme pour ce qu’elle est une chose pensante.

    Explication

    Je dis concept plutôt que perception, parce que le nom de perception semble indiquer que la mens pâtit d’un objet. Alors que concept semble exprimer une action de la mens.


  • E2 Définition 4

    Par idée adéquate, je comprends une idée qui, en tant qu’on la considère en soi sans rapport à l’objet, a toutes les propriétés ou dénominations intrinsèques de l’idée vraie.

    Explication :

    Je dis intrinsèques, pour exclure celle qui est extrinsèque, à savoir la convenance de l’idée avec son idéat.


  • E2 Définition 5

    La durée est la continuation indéfinie de l’exister.

    explication

    Je dis indéfinie, parce qu’elle ne peut jamais être déterminée à partir de la nature même de la chose existante, ni non plus par la cause efficiente, laquelle pose bien nécessairement l’existence de la chose mais ne la supprime pas.


  • E2 Définition 7

    Par choses singulières, je comprends les choses qui sont finies et ont une existence déterminée. Que si plusieurs individus concourent à une même action en sorte qu’ils ont tous ensemble cause d’une même effet, je les considère tous, en cela, comme une seule chose singulière.