retour

E1 Proposition 10 scolie

Scolie

D’où il apparait que deux attributs ont beau se concevoir comme distincts d’une distinction réelle, c’est-à-dire l’un sans le secours de l’autre, nous ne pouvons pas en conclure cependant qu’ils constituent deux êtres, autrement dit deux substances différents; il est en effet de la nature de la substance que chacun de ses attributs se conçoive pas soi, puisque tous les attributs qu’elle possède ont toujours été en elle en même temps, et qu’ils n’ont pas pu être produits l’un par l’autre, mais que chacune exprime la réalité de la substance, autrement dit son être. Il n’est donc pas absurde, loin de là, d’attribuer à une seule et même substance une pluralité d’attributs. Au contraire, rien dans la nature des choses de plus clair que ceci: chaque être doit se concevoir sous quelque attribut; et plus il possède de réalité ou d’être, plus il possède d’attributs qui expriment et nécessité, autrement dit éternité et infinité. Et pas conséquent rien de plus clair non plus que ceci: un être absolument infini est nécessairement à définir (E1p6) comme un être qui consiste en une infinité d’attributs dont chacun exprime une essence éternelle et infinie bien précise.
Que si maintenant l’on demande à quel signe nous pourrons alors reconnaître une différence entre substances, qu’on lise les propositions qui suivent : elles montrent qu’il n’existe dans la nature des choses qu’une substance unique et qu’elle est absolument infinie, ce pourquoi l’on chercherait ce signe en vain.


Texte latin

Ex his apparet quod quamvis duo attributa realiter distincta concipiantur hoc est unum sine ope alterius, non possumus tamen inde concludere ipsa dua entia sive duas diversas substantias constituere; id enim est de natura substantiæ ut unumquodque ejus attributorum per se concipiatur quandoquidem omnia quæ habet attributa, simul in ipsa semper fuerunt nec unum ab alio produci potuit sed unumquodque realitatem sive esse substantiæ exprimit. Longe ergo abest ut absurdum sit uni substantiæ plura attributa tribuere; quin nihil in natura clarius quam quod unumquodque ens sub aliquo attributo debeat concipi et quo plus realitatis aut esse habeat eo plura attributa quæ et necessitatem sive æternitatem et infinitatem exprimunt, habeat et consequenter nihil etiam clarius quam quod ens absolute infinitum necessario sit definiendum (ut definitione 6 tradidimus) ens quod constat infinitis attributis quorum unumquodque æternam et infinitam certam essentiam exprimit. Si quis autem jam quærit ex quo ergo signo diversitatem substantiarum poterimus dignoscere, legat sequentes propositiones, quæ ostendunt in rerum natura non nisi unicam substantiam existere eamque absolute infinitam esse, quapropter id signum frustra quæreretur.​


Ascendances

Descendances

Références

...



retour