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E3 Appendice Définition 1 Explication

Explication

Nous avons dit plus haut, (E3p9s), que le désir est l’appétit avec la conscience de cet appétit; et que l’appétit de son côté est l’essence même de l’humain en tant qu’elle est déterminée à faire ce qui sert à sa conservation. Mais dans ce même scolie j’ai prévenu aussi qu’entre l’appétit et le désir humains je ne reconnais en vérité aucune différence. En effet, qu’un être humain soit conscient de son propre appétit ou qu’il ne le soit pas, cet appétit n’en reste pas moins un seul et même appétit; aussi, pour ne pas avoir l’air de commettre une tautologie, je n’ai pas voulu expliquer le désir par l’appétit, et je me suis employé à le définir de manière à y comprendre en un seul ensemble tous les efforts de la nature humaine que nous désignons par les noms d’appétit, de volonté, de désir ou d’impulsion. J’aurais pu dire, en effet, que le désir est l’essence même de l’être humain en tant qu’on la conçoit comme déterminée à faire quelque chose; mais cette définition (E2p23) n’entraînerait pas la possibilité pour la mens d’être consciente de son désir, autrement dit de son appétit. Donc, pour que la cause de cette conscience fût impliquée dans ma définition, il a été nécessaire (E2p23) d’ajouter: en tant que déterminée par l’une quelconque de ses affections etc. Car par affection de l’essence humaine nous entendons n’importe quel état de cette essence, qu’elle soit innée ou adventice, qu’elle se conçoive par le seul attribut du penser, ou par le seul attribut de l’extension, ou enfin qu’elle se rapporte à la fois à l’un et à l’autre. Ici, j’entends donc par le nom de désir tous les efforts, impulsions, appétits et volitions d’un être humain, lesquels varient en fonction de l’état variable de ce même être humain, et sont souvent si opposés entre eux que l’être humain est tiraillé en des sens divers et ne sait de quel côté se tourner.


Texte latin

Diximus supra in scholio propositionis 9 hujus partis cupiditatem esse appetitum cum ejusdem conscientia; appetitum autem esse ipsam hominis essentiam quatenus determinata est ad ea agendum quæ ipsius conservationi inserviunt. Sed in eodem scholio etiam monui me revera inter humanum appetitum et cupiditatem nullam agnoscere differentiam. Nam sive homo sui appetitus sit conscius sive non sit, manet tamen appetitus unus idemque atque adeo ne tautologiam committere viderer, cupiditatem per appetitum explicare nolui sed eandem ita definire studui ut omnes humanæ naturæ conatus quos nomine appetitus, voluntatis, cupiditatis vel impetus significamus, una comprehenderem. Potueram enim dicere cupiditatem esse ipsam hominis essentiam quatenus determinata concipitur ad aliquid agendum sed ex hac definitione (per propositionem 23 partis II) non sequeretur quod mens possit suæ cupiditatis sive appetitus esse conscia. Igitur ut hujus conscientiæ causam involverem, necesse fuit (per eandem propositionem) addere “quatenus ex data quacunque ejus affectione determinata etc.”. Nam per affectionem humanæ essentiæ quamcunque ejusdem essentiæ constitutionem intelligimus, sive ea sit innata sive quod ipsa per solum cogitationis sive per solum extensionis attributum concipiatur sive denique quod ad utrumque simul referatur. Hic igitur cupiditatis nomine intelligo hominis quoscunque conatus, impetus, appetitus et volitiones, qui pro varia ejusdem hominis constitutione varii et non raro adeo sibi invicem oppositi sunt ut homo diversimode trahatur et quo se vertat, nesciat.


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