Nihil est sine ratione, c’est de principe de raison. Tout être a une raison d’être et ces apparitions pour la conscience doivent recevoir une justification. La raison suffisante garantit l’objectivité des connaissances.
Ce principe règne sur les représentations que nous avons. Nous attendons qu’une raison confirme l’exactitude de nos idées et de nos énoncés tout en sachant que seule la substance implique l’infinitude des raisons. L’être humain est hantée par son devenir, il sait qu’une infranchisable différence sépare l’infinie perfection de la perfection relative.
L’action, l’agir d’un être fini – un mode – est une expression de la productivité substantielle. Si la substance est la vie en tant qu’elle existe par sa propre suffisance et par sa propre puissance, les êtres finis qui ont la vie l’expriment à des degrés différents, selon leur conatus.
C’est l’idée du conatus qui constitue le fondement de la pensée politique de Spinoza, la multitude étant une association de conatus, une bonne communion dépend de la liberté de penser. D’où son plaidoyer pour la liberté de penser car la vraie paix n’existe que dans le respect de la liberté des personnes.
Dans sa critique biblique Spinoza montre qu’au fond il s’agit de la révélation d’une religion qui vise la pratique de la justice et de la charité. Une telle religion est susceptible de réunir tous les croyants et d’assurer en même temps la liberté de philosopher. (cf. S.Zac, Spinoza et l’interprétation de l’Écriture, Paris 1965.)