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E2 Proposition 3 Scolie

Scolie

Par puissance de la substance-dieu, la foule entend la libre volonté de la substance-dieu et son droit sur tout ce qui est, qui par là se trouve communément considéré comme contingent. Car la substance-dieu a le pouvoir de tout détruire, dit-on, et de tout renvoyer au néant. En outre, on compare très souvent la puissance de la substance-dieu à la puissance des rois. Mais cela, nous l’avons réfuté dans les corollaires 1 et 2 de E1p32, et à la E1p16 nous avons montré que la substance-dieu agit par la même nécessité qu’elle se comprend elle-même, c’est-à-dire, de même qu’il suit de la nécessité de la nature de la substance-dieu (comme tous l’affirment d’une seule voix) qu’elle se comprend elle-même, il suit également par la même nécessité que la substance-dieu fait une infinité de choses d’une infinité de manières. Ensuite, à la E1p34 nous avons montré que la puissance de la substance-dieu n’est rien d’autre que l’essence agissante de la substance-dieu et par suite il nous est aussi impossible de concevoir que la substance-dieu n’agit pas, que de concevoir qu’elle n’est pas. En outre, si l’on voulait poursuivre là-dessus, je pourrais également montrer ici que cette puissance dont la foule attribue à dieu par fiction, non seulement est humaine (ce qui montre que la foule conçoit la substance-dieu comme un homme, ou à l’instar d’un homme), mais aussi enveloppe impuissance. Mais je ne veux pas parler si souvent de la même chose. Je demande seulement au lecteur, encore et encore, d’examiner une fois et encore une autre fois ce qu’on a dit à ce sujet dans la première partie, de la proposition 16 jusqu’à la fin. Car nul ne pourra percevoir correctement ce que je veux montrer, à moins de mettre un soin extrême à ne pas confondre la puissance de la substance-Dieu avec la puissance humaine des rois ou leur droit.


Texte latin

Vulgus per Dei potentiam intelligit Dei liberam voluntatem et jus in omnia quæ sunt quæque propterea communiter ut contingentia considerantur. Deum enim potestatem omnia destruendi habere dicunt et in nihilum redigendi. Dei porro potentiam cum potentia regum sæpissime comparant. Sed hoc in corollario I et II propositionis 32 partis I refutavimus et propositione 16 partis I ostendimus Deum eadem necessitate agere qua seipsum intelligit hoc est sicuti ex necessitate divinæ naturæ sequitur (sicut omnes uno ore statuunt) ut Deus seipsum intelligat, eadem etiam necessitate sequitur ut Deus infinita infinitis modis agat. Deinde propositione 34 partis I ostendimus Dei potentiam nihil esse præterquam Dei actuosam essentiam adeoque tam nobis impossibile est concipere Deum non agere quam Deum non esse. Porro si hæc ulterius persequi liberet, possem hic etiam ostendere potentiam illam quam vulgus Deo affingit, non tantum humanam esse (quod ostendit Deum hominem vel instar hominis a vulgo concipi) sed etiam impotentiam involvere. Sed nolo de eadem re toties sermonem instituere. Lectorem solummodo iterum atque iterum rogo ut quæ in prima parte ex propositione 16 usque ad finem de hac re dicta sunt, semel atque iterum perpendat. Nam nemo ea quæ volo percipere recte poterit nisi magnopere caveat ne Dei potentiam cum humana regum potentia vel jure confundat. ​


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Références

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