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E3 Proposition 57 Scolie

Scolie

Il s’ensuit que les affects des animaux sans raison, comme on les appelle – car les bêtes sentent, nous n’en pouvons nullement douter, une fois reconnue l’origine de la mens – diffèrent des affects des êtres humains autant que leur nature diffère de la nature humaine. Oui, la pulsion d’engendrer emporte et le cheval et l’humain ; mais l’un est emporté par une pulsion de cheval et l’autre par une pulsion humaine. De même pour les pulsions et les appétits des insectes, des poissons, des oiseaux, qui doivent être à chaque fois différents.
C’est pourquoi chaque individu a beau vivre content de la nature qui le constitue tel qu’il est, il a beau s’en réjouir, cette vie cependant dont chacun est content, et cette réjouissance, n’est rien d’autre que l’idée de cet individu, ou sa mens ; et ainsi, entre le contentement de l’un et le contentement de l’autre, il y a juste autant d’écart que l’essence de l’un diffère de l’essence de l’autre. Enfin il suit de la proposition précédente que la distance n’est pas mince non plus entre le contentement qui mène par exemple un ivrogne, et le contentement dont jouit un philosophe : j’ai voulu ici le faire remarquer au passage.
Voilà, pour les affects qui se rapportent à l’être humain en tant qu’il est passif. Il me reste à ajouter quelques mots sur ceux qui se rapportent à lui en tant qu’il agit.


Texte latin

Hinc sequitur affectus animalium quae irrationalia dicuntur (bruta enim sentire nequaquam dubitare possumus postquam mentis novimus originem) ab affectibus hominum tantum differre quantum eorum natura a natura humana differt. Fertur quidem equus et homo libidine procreandi; at ille libidine equina hic autem humana. Sic etiam libidines et appetitus insectorum, piscium et avium alii atque alii esse debent. Quamvis itaque unumquodque individuum sua qua constat natura, contentum vivat eaque gaudeat, vita tamen illa qua unumquodque est contentum et gaudium nihil aliud est quam idea seu anima ejusdem individui atque adeo gaudium unius a gaudio alterius tantum natura discrepat quantum essentia unius ab essentia alterius differt. Denique ex praecedenti propositione sequitur non parum etiam interesse inter gaudium quo ebrius exempli gratia ducitur et inter gaudium quo potitur philosophus, quod hic in transitu monere volui. Atque haec de affectibus qui ad hominem referuntur quatenus patitur. Superest ut pauca addam de iis qui ad eundem referuntur quatenus agit.


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Références

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