E4 Proposition 73 Scolie
Scolie
Cette proposition, et les autres semblables, que nous avons établies au sujet de la vraie liberté de l’être humain, se rapportent à la force d’âme, c’est-à-dire (E3p59) à la résolution et à la générosité. Et je ne pense pas qu’il vaille la peine de démontrer ici séparément toutes les propriétés de la force d’âme, et encore beaucoup moins que l’être humain à la mens forte n’a à l’égard de personne ni haine, ni colère, ni envie, ni indignation, ni mépris, et n’a aucun orgueil. En effet cela, et tout ce qui concerne la vraie vie et la religion, on s’en convainc facilement par E4p37 et E4p46 ; à savoir qu’il faut vaincre la haine par l’amour, et que tout être humain conduit par la raison désire aussi pour les autres le bien qu’il recherche pour lui-même. À cela s’ajoute ce que nous avons remarqué dans E4p50s et en d’autres passages : l’être humain à la mens forte considère avant tout que toutes choses suivent de la nécessité de la nature substantielle, et par suite que tout ce qu’il pense être pénible et mauvais – et en outre tout ce qui lui paraît impie, horrible, injuste et déshonorant – naît de ce qu’il conçoit les choses elles-mêmes de façon troublée, mutilée et confuse ; et pour cette raison, il s’efforce avant tout de concevoir les choses telles qu’elles sont en elles-mêmes et d’écarter ce qui fait obstacle à la vraie connaissance, comme sont la haine, la colère, l’envie, la dérision, l’orgueil et autres affects semblables, que nous avons remarqués dans ce qui précède. Et ainsi, autant qu’il peut, il s’efforce, nous l’avons dit, de bien agir et d’être joyeux. Jusqu’où s’étend la force d’agir humaine pour y parvenir, et ce qu’elle peut, je le démontrerai dans la partie suivante.
Texte latin
Hæc et similia quæ de vera hominis libertate ostendimus, ad fortitudinem hoc est (per scholium propositionis 59 partis III) ad animositatem et generositatem referuntur. Nec operæ pretium duco omnes fortitudinis proprietates hic separatim demonstrare et multo minus quod vir fortis neminem odio habeat, nemini irascatur, invideat, indignetur, neminem despiciat minimeque superbiat. Nam hæc et omnia quæ ad veram vitam et religionem spectant, facile ex propositione 37 et 46 hujus partis convincuntur nempe quod odium amore contra vincendum sit et quod unusquisque qui ratione ducitur, bonum quod sibi appetit, reliquis etiam ut sit, cupiat. Ad quod accedit id quod in scholio propositionis 50 hujus partis et aliis in locis notavimus quod scilicet vir fortis hoc apprime consideret nempe quod omnia ex necessitate divinæ naturæ sequantur ac proinde quicquid molestum et malum esse cogitat et quicquid præterea impium, horrendum, injustum et turpe videtur, ex eo oritur quod res ipsas perturbate, mutilate et confuse concipit et hac de causa apprime conatur res ut in se sunt, concipere et veræ cognitionis impedimenta amovere ut sunt odium, ira, invidia, irrisio, superbia et reliqua hujusmodi quæ in præcedentibus notavimus atque adeo quantum potest conatur uti diximus bene agere et lætari. Quousque autem humana virtus ad hæc consequenda se extendat et quid possit in sequenti parte demonstrabo.
Ascendances
Descendances
Références
...