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E2 Proposition 35 Scolie

Scolie

J’ai expliqué sous quel rapport l’erreur consiste dans une privation de connaissance, mais pour l’expliquer plus amplement, je donnerai un exemple : les êtres humains se trompent en ce qu’ils croient êtres libres, et cette opinion consiste en cela seul qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles elles sont déterminées. Voici donc leur idée de la liberté: ils ne connaissent aucune cause à leurs actions. Car lorsqu’ils disent que les actions humaines dépendent de la volonté, ce sont des mots et ils ne mettent aucune idée sous ces mots. En effet, ce qu’est la volonté, et comment elle meut le corps, tous l’ignorent. Ceux qui prétendent autre chose et forment la fiction d’un siège ou d’une demeure de la mens ont coutume de provoquer le rire ou le dégoût. De la même façon, lorsque nous regardons le soleil, nous imaginons qu’il est distant de nous de deux cents pieds environ, et l’erreur ici ne consiste pas dans cette seule imagination mais dans le fait que – tandis que nous l’imaginons ainsi – nous ignorons sa distance véritable et la cause de notre imagination. Car même si en plus nous connaissons qu’il est distant de nous de plus de six cent fois le diamètre de la terre, nous imaginerons néanmoins qu’il est proche de nous ; en effet si nous imaginons le soleil aussi proche, ce n’est pas parce que nous ignorons sa distance véritable, c’est parce qu’une affection de notre corps implique l’essence du soleil, en tant que le corps lui-même est affecté par celui-ci.


Texte latin

In scholio propositionis 17 hujus partis explicui qua ratione error in cognitionis privatione consistit sed ad uberiorem hujus rei explicationem exemplum dabo nempe falluntur homines quod se liberos esse putant, quæ opinio in hoc solo consistit quod suarum actionum sint conscii et ignari causarum a quibus determinantur. Hæc ergo est eorum libertatis idea quod suarum actionum nullam cognoscant causam. Nam quod aiunt humanas actiones a voluntate pendere, verba sunt quorum nullam habent ideam. Quid enim voluntas sit et quomodo moveat corpus, ignorant omnes; qui aliud jactant et animæ sedes et habitacula fingunt, vel risum vel nauseam movere solent. Sic cum solem intuemur, eum ducentos circiter pedes a nobis distare imaginamur, qui error in hac sola imaginatione non consistit sed in eo quod dum ipsum sic imaginamur, veram ejus distantiam et hujus imaginationis causam ignoramus. Nam tametsi postea cognoscamus eundem ultra 600 terræ diametros a nobis distare, ipsum nihilominus prope adesse imaginabimur; non enim solem adeo propinquum imaginamur propterea quod veram ejus distantiam ignoramus sed propterea quod affectio nostri corporis essentiam solis involvit quatenus ipsum corpus ab eodem afficitur.​


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