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E2 Proposition 47 Scolie

Scolie

Par là nous voyons par là que l’essence infinie de la substance-dieu et son éternité sont connues de tous. Or, comme tout est la substance-dieu et se conçoit par la substance-dieu, il s’ensuit que de cette connaissance nous pouvons déduire un très grand nombre de conséquences que nous connaîtrons adéquatement, et ainsi former  ce troisième genre de connaissance dont nous avons parlé dans E2p40s2 et dont il y aura lieu de dire l’excellence et l’utilité dans la cinquième partie. Mais si les êtres humains n’ont pas de la substance-dieu une connaissance aussi claire que des notions communes, cela vient de ce qu’ils ne peuvent imaginer la substance-dieu comme les corps, et qu’ils ont joint le nom de la substance-dieu aux images des choses qu’ils ont l’habitude de voir; ce que les êtres humains ne peuvent guère éviter, puisqu’ils sont continuellement affectés par les corps extérieurs. Et, assurément la plupart des erreurs consistent en cela seul que nous n’appliquons pas correctement les noms aux choses. En effet, lorsque quelqu’un dit que les lignes menées du centre du cercle à sa circonférence sont inégales, c’est qu’il entend par cercle, du moins sur le moment, tout autre chose que les mathématiciens. Ainsi lorsque les êtres humains se trompent dans un calcul, ils ont dans la pensée d’autres nombres que ceux qu’ils ont sur le papier. C’est pourquoi si l’on considère leur pensée, ils ne se trompent pas vraiment; cependant ils paraissent se tromper parce que nous croyons qu’ils ont dans la pensée les mêmes nombres qu’il y a sur le papier. Si ce n’était pas le cas, nous ne croirions pas qu’ils se trompent en quoi que ce soit; de même que je n’ai pas cru que se trompait quelqu’un que j’ai naguère entendu s’écrier que l’entrée de sa maison s’était envolée sur la poule du voisin, parce que sa pensée me paraissait assez claire. Et c’est de là qie prennent naissance la plupart des controverses: du fait que les êtres humains n’expliquent par correctement leur pensée ou bien du fait qu’ils interprètent mal la pensée d’autrui. Car en réalité, tandis qu’ils se contredisent le plus, ou bien ils pensent la même chose ou bien ils pensent des choses différentes; de sorte que ce qu’ils croient être erreur et absurdité chez autrui n’en sont pas.


Texte latin

Hinc videmus Dei infinitam essentiam ejusque æternitatem omnibus esse notam. Cum autem omnia in Deo sint et per Deum concipiantur, sequitur nos ex cognitione hac plurima posse deducere quæ adæquate cognoscamus atque adeo tertium illud cognitionis genus formare de quo diximus in scholio II propositionis 40 hujus partis et de cujus præstantia et utilitate in quinta parte erit nobis dicendi locus. Quod autem homines non æque claram Dei ac notionum communium habeant cognitionem, inde fit quod Deum imaginari nequeant ut corpora et quod nomen “Deus” junxerunt imaginibus rerum quas videre solent; quod homines vix vitare possunt quia continuo a corporibus externis afficiuntur. Et profecto plerique errores in hoc solo consistunt quod scilicet nomina rebus non recte applicamus. Cum enim aliquis ait lineas quæ ex centro circuli ad ejusdem circumferentiam ducuntur esse inæquales, ille sane aliud tum saltem per circulum intelligit quam mathematici. Sic cum homines in calculo errant, alios numeros in mente, alios in charta habent. Quare si ipsorum mentem spectes, non errant sane; videntur tamen errare quia ipsos in mente putamus habere numeros qui in charta sunt. Si hoc non esset, nihil eosdem errare crederemus; ut non credidi quendam errare quem nuper audivi clamantem suum atrium volasse in gallinam vicini quia scilicet ipsius mens satis perspecta mihi videbatur. Atque hinc pleræque oriuntur controversiæ nempe quia homines mentem suam non recte explicant vel quia alterius mentem male interpretantur. Nam revera dum sibi maxime contradicunt, vel eadem vel diversa cogitant ita ut quos in alio errores et absurda esse putant, non sint.​

Ascendances

Descendances

Références

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